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cessenon
Description du blog :
Histoires de Cessenon et d'ailleurs, avec des textes d''actualité.
Catégorie :
Blog Journal intime
Date de création :
27.04.2006
Dernière mise à jour :
30.12.2025

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Vendanges d'autrefois

Vendanges d'autrefois

Publié le 30/04/2006 à 12:00 par cessenon
Vendanges d'autrefois

 

 

Devant la cave coopérative, le charretier, Aimé Fouilhé,

Oncle de l’auteur,

Vient de déposer le chargement. Le cheval s’appelle Bijou

 

 

Il est d’actualité de reconstituer ici ou là des vendanges à l’ancienne. Mais qu’étaient donc les vendanges autour des années 50 ?

J’avais 10 ans en 1950 et le souvenir qui domine ce sont les chevaux et les charrettes. Au village de Cessenon d’où je suis originaire il y avait quelque 300 chevaux et… à peu près autant d’ouvriers agricoles. Aujourd’hui il n’y a plus de chevaux et pratiquement plus d’ouvriers agricoles !

Le matin, vers 7 H, c’était le départ pour les vignes. Les comportes vides (las semals) étaient entassées par paquets les unes dans les autres sur la charrette. Si la « còla » attaquait ce jour-là une nouvelle parcelle, on plaçait dans les plus hautes los ferrats vendimiados (les seaux à vendange) ainsi que la massa et los pals semalièrs. Des cordes ou des chaînes arrimaient les comportes aux ridelles faites de tiges de fer. Ces ridelles étaient surélevées au centre du plateau de la charrette.

A cette époque les seaux étaient en métal, les comportes en bois. La masse était formée d’un billot cylindrique emmanché suivant son axe. Les pals étaient deux barres de bois, quelquefois cloutées au milieu, voire munies d’un petit arceau. Quelques jours avant les vendanges les viticulteurs sortaient leurs comportes devant chez eux per las estanhar (pour les étancher). Ils les disposaient en pyramide, suivant une progression arithmétique de raison un. Une en haut, deux au-dessous, trois plus bas… Elles étaient remplies d’eau et on en remettait quand c’était nécessaire.

Le personnel, les femmes surtout, prenait place sur les charrettes. Les hommes, hors les charretiers évidemment, circulaient le plus souvent à bicyclette. On retournait des comportes à l’avant de la charrette, elles servaient de siège. A l’arrière on s’asseyait sur le talon, les jambes pendantes.

Las còlas étaient formés chaque année, par tacite reconduction, des mêmes personnes. Cela valait au moins dans les petites propriétés. Le plus souvent les gens qui s’embauchaient chez un viticulteur avaient quelques vignes dont ce dernier rentrait la récolte avec son cheval. Il arrivait aussi que deux viticulteurs, dont l’un au moins avait un cheval, s’associent. On disait « ils s’aident pour les vendanges ».

Il ne me semble pas qu’autour des années 50 il y avait beaucoup d’Espagnols qui venaient d’Espagne pour vendanger. Certes il y avait des Espagnols au village mais ils y vivaient à demeure. Ce n’est que plus tard que l’on a vu arriver cette main d’œuvre étrangère saisonnière.

On commençait aussi à voir des camionnettes et quelques tracteurs, attelés à des remorques, qui charriaient les comportes.

Dans la matinée le retour des premières charrettes s’effectuait de manière échelonnée. Cela dépendait du nombre de coupeurs, de ce que fournissaient les ceps, de l’éloignement des vignes… Vers midi par contre c’était l’encombrement. Les files de charrettes pouvaient s’étendre depuis la cave coopérative jusqu’aux diverses entrées du village. En somme ça bouchonnait ! Les comportes étaient alignées en deux rangées sur le plancher des charrettes. La majorité des planchers pouvaient contenir 12 comportes mais ceux qui n’en contenaient que 10 n’étaient pas rares. Plus exceptionnels, ceux qui en comptaient 14. Il paraît, mais je n’en ai jamais vu, que dans certaines campagnes on trouvait des charrettes à 16 comportes.

Dans ce cas on utilisait deux chevaux. L’un, le timonier, était placé dans les brancards, l’autre, le devantier tirait à l’aide de chaînes fixées aux anneaux qui terminaient les brancards. Chez certains viticulteurs dont l’exploitation était modeste, un mulet, ou une mule, remplaçait le cheval. Les chevaux entiers étaient rares. Ils étaient réputés être plus forts mais moins dociles. Il y avait quelques attelages insolites : un mulet aux brancards et un âne à l’avant.

Cessenon est au centre d’une cuvette que traverse l’Orb. Là c’est la plaine, les vignes et les chemins y sont plats. Mais autour de la cuvette il y a des coteaux et les chemins qui y mènent sont moins commodes. Les charrettes étaient équipées d’una mecanica. C’était un dispositif qui permettait de freiner quand la descente était trop raide. Actionnés par un levier qui se trouvait à l’arrière, du côté gauche, des sabots en bois, souvent munis de vieux pneus, venaient frotter contre les roues cerclées de fer. Le charretier abandonnait alors la bride de son cheval et passait à l’arrière pour actionner « la mécanique ». Il y avait même une savante manœuvre pour franchir los escòladors. Un escòlador ? C’est une rigole qui traverse le chemin et qui permet d’évacuer l’eau en cas de pluie. Un remblai de terre le dominait vers le bas. Il faisait obstacle aux roues. Le charretier desserrait alors rapidement la mécanique, le temps de monter le remblai, et la remettait aussitôt en action.

Le dernier voyage de la journée était épique. Outre los lairans (les comportes pleines) il fallait embarquer le personnel. Il arrivait que l’on double les rangs de comportes. On plaçait alors des plateaux, de longues planches épaisses, sur les deux premières rangées et on hissait au-dessus, entre les parties hautes des ridelles, quatre comportes supplémentaires. Les gens s’asseyaient comme ils pouvaient, soit sur les planches, soit sur des espèces de coussins qu’ils posaient sur les raisins.

J’ai effectué mes premières vendanges l’année de mes onze ans. Mais jusque là je ne restais pas inactif. Mon père étant jardinier (plançonnier serait un mot plus juste) chaque matin j’avais pour mission de ramasser deux carrioles de crottin dans les rues de village pour fumer les plantations. Avec la circulation des chevaux, le crottin n’était pas une denrée rare. Les alentours de la cave coopérative étaient évidemment un bon endroit. Ma carriole était à claire-voie, aussi j’utilisais des plaques de carton que je plaçais verticalement pour ne pas perdre le précieux produit de ma collecte.

Contrairement à mon frère qui m’a avoué avoir eu honte de cette activité je n’ai jamais eu de problème à ce niveau. Simplement je rêvais d’une carriole à trois roues sur laquelle j’aurais pu monter dans les descentes !

L’après-midi je rejoignais mon père qui vendangeait pour deux sœurs, deux vieilles filles qui avaient hérité de leur père d’une petite propriété et d’un surnom. Lui était lo cagaraul (l’escargot) et les deux sœurs las cagaraulas. Deux bigotes, au demeurant de « braves » gens (au sens méridional du mot). Leurs vignes étaient pour l’essentiel regroupées à presque 4 km du village. Il fallait donc une heure pour s’y rendre. Après le repas j’allais rejoindre au « magasin », c’est à dire la remise où était aussi l’écurie, Joseph, le ramonet qui, comme c’était son statut, conduisait le cheval. Un cheval de petite taille, mais vaillant, de couleur grise, qui s’appelait « Mignon ». Je le revois prenant son élan pour, après la traversée à gué du Recambis, remonter la petite rampe qui permettait de quitter le lit du ruisseau.

Un premier voyage avait été fait le matin et un deuxième était presque prêt quand nous arrivions. Le ramonet indiquait le degré en sucre, relevé par le mustimètre, que la coopérative avait inscrit sur le ticket qui portait également le poids enregistré par la bascule. Mon père et Joseph sortaient les comportes de la vigne avec les pals et les chargeaient sur le plateau de la charrette en les empoignant per las cornelièras(les poignées des comportes). Ces comportes contenaient en général un peu plus de 80 kg de raisins et il fallait ajouter une douzaine de kg pour le vide. Joseph profitait de ce moment pour boire un coup de vin, en cachette de Thérèse son épouse qui, en tant que ramoneta, jouait le rôle de menaire(meneuse), c’est à dire qu’elle conduisait la còla. Il sortait du caisson de la charrette une bouteille enveloppée d’un treillis en corde qu’il maintenait mouillé, l’évaporation de l’eau permettant de rafraîchir la boisson de quelques degrés.

Parfois les circonstances conduisaient à un chargement plus lourd. On procédait alors à des per trats. Quelques comportes étaient dans un premier temps portées de l’autre côté du Récambis où elles étaient déposées, on revenait à vide pour prendre le reste et au passage on rechargeait celles qu’on avait déchargées.

Comme ce deuxième voyage à la cave coopérative prenait du temps, une pause était observée pour le goûter. Peu de còlaspratiquaient un arrêt l’après-midi. Cela retardait en effet d’autant la fin de la journée qui comptait invariablement 8 heures de travail. A l’aide d’un seau on puisait de l’eau dans un puits qui se trouvait pas très loin de la « baraque » où on s’installait. Cette eau servait à se laver les mains cependant que celle que l’on buvait était tirée d’un botelh(un cruchon) en terre cuite. La porosité du botelh permettait l’évaporation d’une partie du liquide ce qui, comme pour la bouteille de vin du ramonet, amenait une température plus fraîche à l’intérieur.

Le soir, pour le retour, je montais sur le vélo de mon père. Comme il n’y avait pas de porte-bagages il me juchait sur le cadre. Il lui fallait faire attention à ne pas s’engager dans los carretals (les ornières) que les charrettes avaient tracés des deux côtés du chemin. Le milieu n’était pas praticable car piétiné par les sabots des chevaux. Ne restaient de part et d’autres que des pistes cyclables dont l’étroitesse exigeait de vrais dons d’équilibriste.

Pour mon père la journée n’était pas finie, il lui tardait de retrouver son jardin où il avait tant à faire.

 

 



:: Les commentaires des internautes ::

Matthieu Frécon le 25/10/2007
Bonjour, je suis le premier, ou le dernier comme on voudra, bouilleur ambulant de l'Hérault. J'ai fais de nombreuses démonstrations de distillation à l'ancienne à Cessenon, j'y ai manqué cette année, n'ayant pas eu l'autorisation des douanes.
Je suis en train d'écrire un livre sur l'alambic dans lequel un bon chapître est consacré à l'histoire de la distillation dans le midi. Je suis intéressé par tous contacts sur le sujet et je suis particulièrement interessé par des infos sur le XIX° siècle et l'eau-de-vie de Faugères (Noël Salles et autres distillateurs)
Merci de me contacter sur alcoollege.ambix@yahoo.fr
Matthieu


Kate le 13/03/2008
d'enfance..
Très agréable à lire et toujours une petite pointe d'humour qui permet de sourire en lisant vos écrits.
Bonne journée.


Matthieu le 24/03/2010
Rebonjour, c'est encore Matthieu Frécon, le bouilleur ambulant de l'Hérault. Grand merci pour les infos que vous m'avez fait passer : j'ai reproduit certains documents dans mon livre "L'ALAMBIC - l'Art de la Distillation - Alcools, Parfums, Médecines" qui est maintenant publié (voir sur mon site http://www.devenir-distillateur.com/accueil.html).
Encore merci, bonne continuation de votre site très intéressant et au plaisir de se rencontrer
Matthieu