Nous voici à la saison des vendanges

Nous avons reçu de Jean Boulet une documentation sur ce qu’étaient les vendanges autrefois. Pour tout dire celles d’aujourd’hui ressemblent assez peu à celles que nous avons connues dans notre jeunesse. Dans la majorité des cas elles se font à présent avec des machines à vendanger. Les caves coopératives doivent d’ailleurs planifier les apports pour ne pas être encombrées et pour vinifier dans des conditions spécifiques qui tiennent compte des cépages et des parcelles.

Nous avons illustré notre billet par une photo qui a été prise à Fleury-d’Aude en 1968.  Le cheval s’appelle Mignon et la charrette a subi des modifications avec le remplacement des roues cerclées d’un bandage de fer par des pneumatiques. Les comportes sont toujours en bois mais los ferrats vendemiadors (les seaux à vendanger) sont en plastique. Au-dessus du chargement on voit la brouette à vendanger avec laquelle opérait un seul charrieur à la place des deux qui utilisaient los pals semalièrs pour sortir les comportes de la vigne et les amener à la charrette.

Les roues des charrettes cerclées de fer provoquaient des ornières profondes, los carretals,qui formaient sur les chemins deux rails parallèles. A Cessenon, un arrêté avait été pris pour interdire la circulation de ces anciennes charrettes avec toutefois une dérogation pour celles qui n’étaient pas trop chargées. Les habitants de Villeneuve-les-Béziers avaient pour escaus (surnom) « Copa carrals ».

Dans ses documents Jean Boulet donne une traduction de « grappiller » qui n’est pas celle qui avait cours chez moi où le verbe approprié était « rasimar », les traductions de « grappillon » étant « rasimadura » et « brotinha ».

Il évoque la serpette qui avait été remplacée par le sécateur. J’ai lu que le sécateur permettait d’aller plus vite pour couper le raisin que la gorbèlaet que cela avait provoqué un conflit social. L’emploi du sécateur réduisait la durée des vendanges pour lesquelles le prix de la journée était plus intéressant que les autres journées à la vigne, d’où une opposition à son utilisation !

D’autres mots sont différents. Ainsi dans le Biterrois celle qui était responsable du rythme d’avancement de la còla (l’équipe des vendangeurs) dins las lagas (dans les rangées de ceps) est « La menaire ». C’était en général l’épouse du ramonet, qui tenait le rôle du charretier au moment des vendanges.

Dans le document que nous avons reçu sont cités des poèmes que l’on doit à Achille Mir, ce félibre qui est le créateur de l’histoire du curé de Cucugnan.

.Nous sommes à une autre époque que celle de notre enfance et l’évolution technologique dans le domaine de la viticulture se double d’un problème économique, celui qui résulté de la politique agricole qui est suivie et qui voit disparaître les exploitations familiales alors nombreuses dans les villages du Biterrois ou du Narbonnais cependant que les vignes sont mises à l’arrachage et que de nombreuses caves coopératives ferment.